Le prochain « Je dis Web » sur le thème « Mobile WAR : Web – Application – Responsive » aura lieu le 7 juin à partir de 18h45.
Nous avons posé quelques questions à Olivier Rocques et Nicolas Hoffmann, les conférenciers de cette soirée :
Qu’appelle t-on le “web mobile” ?
Olivier : Pour moi c’est la publication, consultation et donc consommation d’information à tout instant
Nicolas : Je dirai que c’est la consultation d’internet en situation de mobilité : avec une connexion “itinérante” et/ou un écran parfois de petite taille (mais pas toujours : iPad), etc…
Est-il important, et pourquoi d’être présent sur les terminaux mobiles?
Olivier : Oui ! Quand on regarde le taux de croissance de l’acquisition des terminaux, et leur utilisation quotidienne par chacun, l’utilisation de ce média devient tout simplement incontournable.
Nicolas : Toutes les analyses annoncent une croissance explosive du marché. Il est donc logique de s’y intéresser ! Il est même annoncé que le nombre de smartphones devrait à terme dépasser le nombre d’ordinateurs “classiques”.
Qu’attend un internaute en position de mobilité ?
Olivier : Tout simplement avoir accès à tout type d’information de manière simple et agréable !
Nicolas : Tout à fait. Même conscient de sa connectivité parfois limitée par rapport à une connexion ADSL, il attend que le site/service réponde au moins aussi vite et efficacement qu’un site desktop. C’est le paradoxe du web mobile d’ailleurs.
Le “responsive design” est une méthode tendance aujourd’hui, en quoi consiste t-elle et est-elle adaptée à tout type de site ?
Olivier : Nicolas répondra certainement mieux que moi ;)… Je définirais le responsive design comme étant une méthode permettant d’adapter son site web aux différents terminaux en supprimant certaines informations considérées comme non prioritaires. Quant à savoir si c’est adaptable à tout type de site, je dirais que dans l’absolu pourquoi pas, mais la maintenance peut devenir très fastidieuse en vue des différentes modifications sur la structure css. Dans la pratique, je pense que cette méthode n’est pas forcément applicable à tout type de site.
Nicolas : Quand on parle responsive design, c’est en fait l’utilisation des media-queries qui permettent à un site de s’adapter à divers paramètres : la résolution, l’orientation, etc. Après, comme tous les buzzwords, on y met souvent tout et n’importe quoi.
Tous les sites ne sont pas adaptables (de manière optimale j’entends) via les media-queries (un site mal codé ne respectant pas les standards sera un joyeux cauchemar à adapter). Ceci dit, le concept est très puissant, pour peu que la structure HTML soit bien faite, on peut vraiment aller très loin pour des efforts relativement modiques. Je m’étonne de plus en plus des possibilités d’adaptation et de leur simplicité !
On pense d’ailleurs souvent à enlever des blocs/fonctionnalités (conception desktop first), mais on peut aussi penser petit écran d’abord, et ajouter/repenser des contenus pour les écrans plus grands (approche mobile first).
Peut-on, et comment, rediriger correctement les internautes (et les moteurs de recherche) vers un site mobile parmi toutes les options qui se présentent ?
Olivier : On peut noter plusieurs cas différents :
– si le site est fait en responsive design il n’y a aucun changement que ce soit au niveau communication ou référencement
– si c’est une webapp, et donc généralement essentiellement du JS, le référencement est très difficile, il faut donc tout baser sur la communication
– si c’est une application native, le mieux est de faire de la communication et du feedback sur le store du terminal
Nicolas : Comme l’a dit Olivier, si on est dans le cas responsive, le problème est réglé de facto. Sinon l’idée de la détection du UA (User-Agent) permet d’orienter l’internaute sur la version supposée l’intéresser (même si cette dernière a ses limites, le monde des UA est une jungle épaisse et assez épouvantable). Quand à la webapp/application native, il est possible d’en faire la promotion sur le site (par exemple, quand on consulte le site du monde.fr depuis un iPad, il propose l’application). La bonne pratique étant d’indiquer clairement à l’internaute la version sur laquelle il se situe et de lui laisser le choix de la version qu’il souhaite consulter.
Les résultats des moteurs sont ils vraiment différents et est-ce que le site mobile donne beaucoup plus de visibilité dans les moteurs qu’un site classique qui n’est pas adapté pour les smartphones ?
Olivier : Comme je le disais précédemment, il n’y a aucune différence si le site est fait en responsive design. En revanche, s’il existe un site dédié (.mobi) voir au niveau du contenu auquel cas un NO INDEX s’impose ou une redirection en fonction du bot ou de l’internaute.
Nicolas : J’imagine qu’à terme et au vu de leurs efforts pour tester les performances web (mobile et desktop), Google pénalise(ra ?) les sites mobiles trop lents par exemple. D’autres possibilités peuvent permettre d’éviter le duplicate content (qui peut être pénalisé par Google), les métas rel=”canonical” peuvent être utilisées pour indiquer à Google le contenu de référence. Ceci dit, Google propose des conseils pour indexer une version mobile :
Souvent mobile = application, cette association est-elle pertinente ?
Olivier : Oui et non…. tout dépend !
Nicolas : Avec le succès de l’Appstore, cela peut se comprendre, mais c’est réducteur. Des sites ont des versions mobiles très bien conçues. Quand à des applis web, il y en a des particulièrement réussies : Gmail, G+, etc…
Comment référencer, faire connaître mon application ?
Olivier : Il n’y a pas de solutions miracles… Certains demandent à des indiens de laisser des commentaires pour faire monter leurs applications dans le store, un peu comme anciennement ruemontgallet où les commentaires pour une partie était « pipotés » par les vendeurs eux-mêmes.
Nicolas : Dans le cas d’une application web, en supposant qu’elle soit bien conçue, des liens vers cette dernière permettront aux moteurs de recherche de l’indexer. Sinon utilisez toute votre batterie marketing pour la faire connaître : newsletter, réseaux sociaux, etc. Pensez surtout à l’utilisateur : si votre application est bien… elle sera utilisée !
Existe t-il des normes et outils pour créer des webbaps ?
Olivier : Il existe beaucoup de choses ! Pour des raisons de performances, puisque tout est maintenant géré par le browser, il vaut mieux préférer l’utilisation de librairies JS type backbone.js, javascriptMVC pour structurer son code, le tout lié à une librairie type touch, jqtouch, jquerymobile…, voir aussi senchatouch et sencha Ext.
Une fois le développement finalisé et fonctionnel, il ne reste plus qu’à l’exporter avec phoneGap ou maintenant SenchaTouch 2 directement en application dédié à un terminal via une webview et le tour est joué !
Titanium le fait aussi et génère directement une application native, donc dans l’absolu avec de meilleures performances.
Il existe aussi des services tel que goodBarber qui permettent de créer une application en ligne via des flux rss.
Nicolas : Olivier a déjà bien répondu ! 🙂
Effectivement certains frameworks comme jQueryMobile permettent d’unifier le design de votre application web, que ce soit sur tablette, smartphone ou même desktop. C’est en général assez simple et il y a des passerelles comme phoneGap pour en faire des applis natives iPhone ou Android, pour n’en citer que deux. Après, côté web, plus que des normes, ce sont surtout des bonnes pratiques : performances, etc…
Selon vous, quel est l’avenir du “web mobile” ?
Olivier : Tout le marché est en pleine réflexion. Tous les grands éditeurs (Adobe, Apache Foundation, Aptana, Windows) essaient de se positionner pour proposer à chacun son outil de déploiement d’application et ainsi de grappiller un peu de part de marché aux 2 grands exploitants d’applications (iOS, Android). Cela sous-entend déjà, et sur ce point nous sommes tous d’accord, que la consommation du web de demain se fera via la mobilité.
Pour l’avenir je sais pas vraiment, mon écran n’est pas en cristal, mais je pense que certains modèles économiques seront à repenser, voire à imaginer :
– que deviennent mes annonces publicitaires distribuées par “zanox” si on part du constat que mon site est adapté au mobile ?
– comment référencer naturellement mon application web réalisée complétement en JavaScript ?
De même, certaines problématiques commencent à voir le jour et il nous faudra trouver des réponses :
– qui dit application, dit service ou entertainement. Pouvons-nous vraiment, chacun proposer un service différent ? Par exemple une agence immobilière propose une application géolocalisée sur l’estimation de biens de son secteur géographique. Est-ce que toutes les agences peuvent et doivent avoir le même service ? N’y-a-t-il pas redondance et manque de pertinence si nous devions avoir une multitude d’applications identiques ?
– nous parlons également beaucoup des internautes tels que « ma mère » ou « ma fille », mais que devient l’utilisation d’applications métiers (extranet, annuaire, gestion de parc de voiture, etc…) pour les entreprises ?
Nicolas : A mon sens, il y a tout un pan du métier qui évolue avec ces nouvelles perspectives. Ce sont les smartphones qui ont créé ce domaine et qui ont pris de court bon nombre de concepteurs de sites. Ceci dit, l’avenir est très intéressant, il y a beaucoup de nouveaux enjeux, de nouvelles techniques, plein de choses sont à inventer/parfaire et globalement, il faut que le métier s’adapte à tout cela. Le web mobile s’inscrit parfaitement dans une démarche de qualité plus globale des sites.
Les deux choses que je constate au travail :
– les décideurs étaient très frileux il y a deux ans… ils le sont beaucoup moins maintenant.
– après quelques proofs of concepts, l’idée a très vite fait son chemin, j’ai constaté beaucoup moins de résistance au changement que par exemple pour le changement table-designed vers CSS-designed !