Yannick Omnès est l’animateur de la conférence sur l’impression 3D qui aura lieu le 3 décembre 2015.
Afin de savoir un peu ce qu’était l’impression 3D, nous lui avons posé quelques questions.
L’impression 3D, mais c’est quoi exactement ?
Ce sont des technologies qui permettent de fabriquer des objets en ajoutant de la matière. C’est ça la révolution, car depuis le paléolithique, on enlève la matière, d’abord sur les cailloux et bien plus tard avec des machines dites d’usinage.
On en entend souvent parler, c’est à la mode, mais ce n’est pourtant pas une technologie récente, depuis quand existe-t-elle ?
Le premier brevet a été déposé en 1984 mais la première machine issue du premier concept date de 1988. Depuis la première technologie de stéréolithographie, d’autres ont émergé dont la plus connue, celle utilisée par les imprimantes 3D grand public, la dépose de fil chaud.
On lie souvent l’impression 3D aux fablabs, qu’en est-il ?
C’est l’endroit où elle est le plus facilement accessible pour le grand public. C’est là qu’il peut trouver un accompagnement pour une bonne utilisation. Parmi les machines disponibles dans un fablab, les machines d’impression 3D ne sont pas les plus utilisées car il faut avoir des connaissances de dessin en 3D pour réaliser le modèle “imprimable”. La démocratisation des logiciels de conception va permettre un accès de plus en plus facile à la réalisation.
Quelles sont les utilisations / applications grands public, mais aussi industrielles ?
La création d’un fichier en 3 dimensions n’étant pas encore à la portée de tous, le grand public a souvent recours à des plateformes sur internet pour trouver des fichiers ou peut aller sur des sites proposant la possibilité de réaliser une coque de téléphone ou leur effigie issue d’un scan en 3D. Il se développe aussi une réflexion de fond sur la réparation de pièces cassées avec les problèmes de sécurité et de brevet inhérents à ce type de réalisation. Dans le monde industriel, on peut dire que tous les domaines d’activité en bénéficient pour la phase de prototypage. Pour les pièces directement utilisables, l’aéronautique et le médical sont les plus en demande et commencent à les utiliser.
Qu’est-ce que l’impression 3D peut apporter au grand public ?
Sans hésitation la possibilité de pouvoir créer. Avec l’ère industrielle, la créativité a été “confisquée” par les bureaux d’études. On peut avoir une idée et la réaliser si ce n’est pour une utilisation réelle, au moins pour en valider le concept. Et c’est sans compter les petits services que peut rendre ce type de technologies au quotidien pour créer le support de brosse dent du petit dernier ou l’enrouleur du câble de casque qu’on a perdu sur la plage. C’est l’ère du bricoleur 2.0.
Quels sont les perspectives d’évolution et les potentiels futurs champs d’application?
Les possibilités sont immenses. De l’impression de matières implantables chirurgicalement pour réparer des os ou des cartilages à la fabrication d’habitations sur Mars, le champ des possibles est incroyablement développé. Certaines applications sont déjà en test, certaines seront homologuées, d’autres seront abandonnées mais ce qui est sûr, c’est que l’impression 3D n’est pas un phénomène de mode. Les Chinois commencent à imprimer des maisons rapidement et à moindre coût. Des entreprises imaginent mettre en ligne les fichiers 3D de certaines parties de leurs produits afin que les particuliers puissent les imprimer en cas de casse. Cela remet en cause le paradigme de l’obsolescence programmée et peut conduire à une relation gagnant gagnant avec le client qui achètera plus facilement un produit qu’on peut réparer. Pour le moment, une entreprise gagne en ayant des produits périssables. A nous de nous emparer de cette technologie pour inventer le futur.