Pendant ses études d’ingénieur informaticien, Laurent Charles se passionne pour le développement logiciel. Une de ses premières mission sera de déployer l’ingénierie logicielle à l’échelle du groupe pour lequel il travaille.
Le savoir-faire acquis a un vrai potentiel de développement pour d’autres entreprises industrielles. Avec Manuel Vacelet, un de ses collègues, ils proposent alors à leur employeur de saisir cette opportunité pour développer davantage et commercialiser leur forge logicielle. L’employeur refuse, Laurent et Manuel décident de tenter l’aventure en créant Enalean.
Six ans après, Enalean, c’est une vingtaine d’emplois qualifiés, bien payés et basés dans la région. Laurent est fier de ce qu’il a accompli. Son entreprise a su trouver son marché, de plus le cadre de vie et de travail est très sympa !
La confiance est plus puissante que la hiérarchie.
A Enalean, les collaborateurs travaillent en confiance et autonomie, s’auto-organisent, sans hiérarchie. Ceux qui savent décident. Ce sont ceux qui font qui savent, par principe.
Chambé-Carnet a rencontré celui qui se définit comme un créateur et non pas comme un organisateur.
Votre entreprise
Pouvez-vous nous décrire votre entreprise ?
Enalean a été créée en avril 2011. Nous éditons Tuleap, une usine logicielle libre et open-source, pour aider les entreprises et les développeurs à coder de manière plus efficace.
Nous sommes des fabricants d’usines.
Les logiciels étant très présents dans le secteur de l’industrie – mes associés et moi-même venant de ce milieu – nous nous sommes assez naturellement positionnés sur ce marché. On est là pour aider les industriels à faire en sorte que leurs logiciels soient sous contrôle, puissent être fait à grande échelle et de grande qualité.
Pouvez-vous nous en dire plus sur Tuleap ?
Nous sommes éditeurs de logiciel, nous avons un seul produit qui s’appelle Tuleap et nous le vendons à nos clients qui sont donc des industriels ou des professionnels de l’informatique.
Dans un monde de plus en plus numérique qui doit s’industrialiser, il faut de l’ingénierie logicielle et rationaliser, industrialiser cette « révolution numérique ».
il faut apporter à l’industrie informatique ce que Ford et Taylor ont apporté à l’industrie automobile, sans les inconvénients.
Tuleap est un logiciel libre et entièrement gratuit, du coup les clients ont la possibilité de le récupérer, de le télécharger, de l’utiliser et d’en faire l’usage qu’ils veulent.
Quelles sont vos forces ?
Déjà, on est très bon dans ce qu’on fait, nous avons une culture de l’apprentissage qui est fondamentale dans nos métiers, il faut passer beaucoup de temps pour être à l’état de l’art de la technologie.
Ensuite, nous sommes créatifs et nous savons parler aux très gros industriels. C’était d’ailleurs une surprise après avoir créé la boite, on s’est rendu compte qu’on savait leur parler et qu’on les intéresse.
Qu’est ce qui vous différencie de vos concurrents ?
Nous sommes très peu nombreux dans le monde à faire des usines logicielles et il n’y a que nous en France, en plus, le fait d’avoir un produit libre et open-source élimine toute concurrence sur ce segment.
Et pour finir, notre modèle de fonctionnement, de collaboration et de vente très spécifique rend Enalean absolument unique.
Nous sommes une assurance et une mutuelle.
Quels sont vos axes de développement ?
Continuer le développement de Tuleap. L’objectif est de fournir les outils pour accompagner au mieux cette mutation industrielle du logiciel. C’est un enjeu très important : comment faire en sorte qu’on puisse de plus en plus travailler à grande échelle, faire de bons logiciels, tout ça…
Le vrai problème d’un produit comme Tuleap, c’est l’ignorance du besoin.
En termes de perspectives de croissances nous avons la chance d’être une entreprise qui est bénéficiaire depuis son premier exercice, qui a une croissance a deux chiffres et j’espère que ça va continuer, en même temps, il n’y a pas de raison que ça ne continue pas.
Nous faisons à peu près un tiers de notre chiffre d’affaires à l’international et cette année nous allons accentuer notre présence en Amérique et probablement sur le marché Suisse.
Perspectives, emploi et … Savoie !
Quelles sont vos perspectives de recrutement pour l’année à venir ?
On va continuer comme on l’a fait jusqu’à présent. Nous recrutons environ 5 ingénieurs par an, majoritairement des BAC +5, même si nous ne sommes pas attachés au diplôme, ce qui permet de soutenir notre croissance.
D’après vous, quelles sont les perspectives économiques dans le digital en Savoie ?
L’écosystème numérique en Savoie est porté par l’activité économique du département qui est très touristique. Donc autour du numérique « visible » : les sites web, les applications mobiles, les objets connectés…
C’est là que vont se faire les choses en Savoie, non pas sur la partie industrielle du numérique qui est finalement assez peu présente.
De manière plus générale, pensez-vous que les progrès numériques puissent créer, à terme, un chômage de masse ?
Non. Tous les progrès ont plutôt engendré des bouleversements et généré de l’emploi. On parle de « destruction créatrice ». La particularité du numérique, c’est que les changements sont plus fréquents, plus rapide et vont demander plus de capacité d’adaptation. Mais il n’y aura pas de destruction d’emploi. Ça a déjà commencé, si vous ne l’aviez pas remarqué.
Comment les entreprises peuvent-elles accompagner cette transition numérique ?
Je ne sais pas si c’est le rôle des entreprises de l’accompagner. Je pense que c’est le rôle de la formation.
L’entreprise a un intérêt économique à ce que ses collaborateurs soient performants, formés et capables d’appréhender le changement. La capacité d’appréhension du changement est la clé. Si on ne change pas, on meurt.
La dernière …
Quel regard portez-vous sur une association consacrée au numérique comme Chambé-Carnet ?
C’est fantastique. Le territoire a besoin d’associations comme ça, il ne faut pas qu’elles disparaissent.
Cela m’a permis d’ouvrir mon réseau, de connaitre tout un tas de gens que je ne connaissais pas, il n’y a pas eu de répercussions professionnelles directe, mais des sollicitations indirecte qui nous ont nourri et qui nous ont aidées.
Merci Laurent d’avoir répondu à nos questions et d’avoir passé un moment avec nous en tant que « cobaye » pour cette première interview.
Merci,
discours et parcours très intéressants.
Bonne poursuite !